Il paraît que c’est la journée mondiale contre le tabac aujourd’hui. Je suis vachement contre le tabac, moi.
Pour tous ces gens qui ne se gênent pas pour en griller une n’importe où, chez vous, en réunion, au resto, dans un geste d’agression unilatérale dont on ne semble pas encore mesurer toute l’ampleur sur le vieux continent — c’en est au point que les Etats-Unis, sur la question, passent pour un pays développé, c’est dire la nécessité de la réaction — ; pour tous ces gens qui, fumeurs passifs, subissent cette agression quotidienne et qui, sans avoir rien demandé, vont crever dans des cancers atroces. Pour le fait que bien souvent ces gens n’ont pas eu le choix — pression sociale, infériorité hiérarchique faisant — de subir cette nuisance.
Pour les milliers d’années qu’il faudra pour que se décomposent les filtres des milliards (oui, milliards) de cigarettes qui sont consommées chaque jour (vous savez, ces ronds chewingomeux dégeus qu’on trouve partout sur les trottoirs, ce ne sont pas des chewing-gums, mais bien des filtres de cigarettes écrasés et ils sont à peu près indécomposables).
Pour les kilotonnes de CO2 qui sont très certainement produites par la combustion de toutes ces saloperies.
Pour ces entrées d’immeubles, d’hôpitaux, de bureaux, d’auditoires,… colonisées par ces gens occupés à exhiber leur déchéance. Quand il pleut, c’est encore pire, les sas d’entrées se transforment en mur de fumée, et les regards qui s’échangent dans ces moments-là sont indescriptibles.
Pour tous les gosses à qui on a dit « t’es pas cap’ », qui l’ont été et qui sont maintenant les pigeons de l’histoire,
Pour l’aberration économique que représente la pratique du tabagisme : que ce soit du point de vue de la balance commerciale ou du déficit de productivité, tout le monde est d’accord là-dessus.
Pour la puissance gerbante acquise par des multinationales délinquantes et le modèle de société orwellien que tous les fumeurs contribuent à leur permettre de réaliser. Pour cette connerie de « Formule 1 » qui, dans son exaltation crétine de toutes les valeurs machistes et libérales, est peut-être la pire beauferie que le XXe siècle ait conçue (ce qui n’est pas peut dire). Vroum vroum,...
Pour le goût que ça a d’embrasser un cendrier (beuârk),
Pour cette horrible odeur, persistante, qu’on vos vêtements, vos cheveux, dès que vous avez passé 10 minutes dans un lieu enfumé,
Pour la bêtise de ces centaines de millions de personnes qui considèrent que leur dépendance les rend plus libres ou que l’empoisonnement de leurs contemporains les rend plus sociables,
Pour ces putains de wagons SNCB où une vague ébauche de vitre symbolise de façon très aérienne la séparation entre la zone « fumeurs » et la zone « non-fumeurs », permettant à trois types de rendre pénible le voyage d’une cinquantaine d’autress.
Abolissons le tabac,
Messages
1. > Des bulles, 5 décembre 2004, 13:24, par Philippe
"un geste d’agression unilatérale", j’aime beaucoup l’expression, et je crois que je vais la faire mienne désormais.
Merci pour ce billet d’humeur. Je viens de balancer à la machine à laver toutes mes fringues que je portais sur moi lorsque j’ai suivi des amis dans un bar. Tu devines pourquoi. et encore, nous étions une dizaine, mais tous non fumeurs, tandis que les autres tables ...
Est-ce qu’un bar strictement non fumeur aurait des chances de survivre économiquement aujourd’hui ? il y a quelques années, la réponse était négative à coup sûr, mais aujourd’hui, fin 2004 ? peut-être ... affaire à suivre.