Il y a de nombreuses raisons de lutter contre la publicité. Parmi celles-ci, la nuisance écologique qu’elle représente est, me semble-t-il, très loin d’être la moindre. Récit d’une expérience vécue ce jour, exemple petit mais néanmoins frappant.
À peine sorti du train, ce matin, à la gare de Bruxelles-Central, je tombe sur une forte escouade d’une vingtaine de promo-boys et (surtout) promo-girls. Cette bande de joyeux mercenaires — prostitués du sourire, on peut dire ? — tente, comme on s’en doute, de refiler aux passants (en général du genre navetteurs abrutis par des horaires de dingue, pas le genre à perdre du temps à polémiquer) leurs prospectus en quadrichromie vantant la camelote d’une grande marque de prêt-à-porter (« H&M » pour ne pas la citer).
Bref, jusque là, rien de bien original, c’est vrai, même si tout ce papier sera évidemment tapé dans la première poubelle par l’immense majorité des gens [1].
Là où ça devient assez surprenant, c’est que le dépliant est emballé dans un sachet plastique. Pas le genre rachitique qu’on trouve en grande surface, non, un beau sachet rouge, qui en jette bien, limite le genre qu’on file dans les boutiques pour que les clients soient convaincus d’en avoir pour leur argent, au moins dans le contenant si pas dans le contenu.
Pourquoi cet emballage ? Je ne sais pas. J’ai pourtant pris un des sachets (avant de le rendre à la demoiselle qui me l’avait refilé), il ne contenait rien d’autre que le petit dépliant !
Sans doute un « créatif » payé 10 000 EUR par mois a-t-il eu cette idée de génie au bout de quelques semaines de cogitation. C’est qu’on s’adresse à des consommateurs de plus en plus saturés par les messages publicitaires dont on les agresse (ben oui). Il faut donc toujours trouver de nouveaux moyens d’atteindre la cible. Là, il a dû se dire que l’emballage plastique donnerait l’illusion d’un cadeau, quelque chose comme ça.
En repassant à la gare en fin d’après-midi, l’équipe de promo-boys-et-girls était toujours là à distribuer leur merde, avec un sourire un peu moins fringuant que quelques heures plus tôt il est vrai. Pas vraiment moyen de leur en vouloir de faire ce job infâme en ces temps de chasse aux chômeurs...
Comme on pouvait s’y attendre, les sachets rouges se retrouvaient littéralement partout. La plupart des poubelles en étaient pleines. Un certain nombre d’entre eux — pour ne pas dire un nombre certain — jonchaient le sol ou les bancs dans toute la gare. Vision de désastre, d’autant plus effrayante qu’elle est d’une banalité totale. On suppose que c’est le personnel de la SNCB qui sera chargé d’évacuer les restes de l’orgie solitaire de H&M.
Quelques mètres cubes de matières premières hautement précieuses gaspillées, une fois de plus. Aujourd’hui à Bruxelles, demain ailleurs, ça se multiplie vite. Dans le même temps, les pouvoirs publics tentent à l’occasion de promouvoir le tri sélectif et autres mesures écologiques. Fort bien, mais on se dit que le citoyen un peu lucide est fondé à se sentir pris pour une poire quand, dans le même temps, on tolère sans guère d’état d’âme le gaspillage éhonté du monde de la publicité. Il faudrait faire le total de tout ce que la pub consomme de ressources, ce serait effarant.
Messages
1. Une illustration de la féroce capacité de nuisance de la bêtise publicitaire, 30 novembre 2005, 01:45, par Jacques PYRAT
En l’occurence, le coup du sachet est une tactique de manipulation dite de « l’engagement progressif ».
On fait faire un acte peu engageant pour en obtenir un plus engageant.
Quant à la publicité, je suis de plus en plus persuadé que c’est justement ce qui est vantée par elle qu’il faut éviter de consommer :
1. Une illustration de la féroce capacité de nuisance de la bêtise publicitaire, 30 novembre 2005, 10:14, par Bartali
Eviter de consommer du café, des produits laitiers, du sucre, des céréales... Euh, oui, mais je mange quoi alors au déjeuner ?
2. Une illustration de la féroce capacité de nuisance de la bêtise publicitaire, 7 décembre 2005, 18:27, par Simon
Boit tout le café que tu veux, mais une bonne règle pour commencer est d’éviter tout produit pour lequel on a vu ou entendu une publicité. Le choix est bien assez vaste ;-)
2. Une illustration de la féroce capacité de nuisance de la bêtise publicitaire, 30 novembre 2005, 11:51, par Fred Bird
Affligeant...
Connaissez vous l’excellente BD (post-soixante-huitarde) "l’an 01" ?
Sinon, sur le même sujet : un billet au sujet d’une pub immonde
3. Une illustration de la féroce capacité de nuisance de la bêtise publicitaire, 19 mars 2006, 15:48, par Nadia Fraussen
Et ils ont remis ça le vendredi 17 mars 2006, notamment
à la Gare de Bruxelles-Central.
J’ai rendu le sac aux distributrices et ai essayé de
soulever l’indignation de mes collègues navetteurs.
Beaucoup étaient de mon avis mais comment réagir ?
J’ai envoyé plusieurs mails, notamment à la firme
elle-même, au CRIOC et à d’autres organismes
soucieux de l’environnement et de la protection du
consommateur. J’aimerais provoquer une anti-pub contre
H&M... Je ne savais pas qu’ils avaient déjà fait ça
avant. C’est encore plus malheureux de voir qu’ils
ont pu rééditer leur "forfait".
A qui d’autre encore s’adresser ??? S’il y a une pétition
qui existe quelque part, je la signe des deux mains !
4. Une illustration de la féroce capacité de nuisance de la bêtise publicitaire, 27 novembre 2006, 18:29, par petite danseuse
ce n’est pas le pire.H&M exploite enfants femmes hommes dans des conditions inhumaine que j’ai eu l’ocasion de voir lors d’un documentaire.oxfam(commerce équitable) mène son combat.cette main d’oeuvre revient peu chere a ce magasin inhumain afin de satisfaire des clients égoistes.non a l’exploitation.agisssssssssssons.tous ensemble refusons de participer a ces conditions inhumaines.n’ y achetons plu,ny rentrons plus.moi aussi j’aimais y aller,aujourd’hui j’agis en citoyenne responsable en refusant d’y aller.faites véhiculer l’info car bon nombre de gens ne le save pas.merci